Le focusing est une approche psychocorporelle c'est à dire que l'approche part du corps et les informations transmises par le sens corporel remontent à la conscience. C'est la méthode proposée par Eugène Gendlin.
Si vous savez écouter votre intérieur, de manière intuitive ou parce que vous avez appris à le faire, vous savez communiquer avec votre corps et certainement bien vous entendre avec lui pour vous laisser guider en fonction des situations qui se présentent. C'est facile et les expériences sont bien plus simples à gérer. Si vous vous reconnaissez dans cet accès au corps, vous ne vous poserez pas les questions ci-après.
Mais il n'en est pas de même pour tout le monde. Que faire avec des personnes qui ne sentent pas leur corps, qui sont dans leur mental, voire qui n'aiment pas leur corps ?
Il y a ceux qui disent ne rien sentir comme s'ils étaient coupés d'eux-mêmes, n'ont pas conscience de vivre avec un corps: celui-ci est mécanique, il sert à se déplacer, il n'est pas doté d'une intelligence, est dépourvu d'émotions et de sentiments.
Pour d'autres, ils ne voient que par le mental. Il n'y a que l'intelligence cognitive qui prime. Ils ne reconnaissent que celle-ci, auront des avis, des conseils, un savoir, un rationnel bien rassurant. Comment ils se sentent ? bien ou mal.
Et puis ceux qui ont une relation difficile avec leur corps sans parler de pathologies où la relation au corps est pire. Je me souviens d'une personne à qui j'avais demandé de dessiner son schéma corporel, elle avait dessiné un barba papa.
"C'est comme ça que je me vois" me dit-elle.
Alors ...
Pour ceux qui se disent cette approche n'est pas pour moi !
Pour ceux qui se demandent comment accompagner avec cette approche ?
Mon intention n'est pas de convaincre mais simplement de proposer des pistes de réflexion, ne sachant pas moi-même ce qu'il en est pour vous.
J'ai remarqué dans mes accompagnements que ces personnes avaient besoin de plus de temps pour se familiariser avec leur corps. La présence du thérapeute et sa bienveillance sont primordiales pour les aider à descendre en elles, à accepter de sentir, de ressentir, ne serait-ce par exemple que de proposer d'écouter le battement du cœur. D'oser poser sa main sur son ventre pour sentir son intérieur, comment ça vit, comment ça s'exprime.
Elles osent aller dans leur corps parce qu'elles ne sont justement pas seules. Elles vont traverser des peurs, vivre des angoisses, ressentir une souffrance qu'elles avaient à jamais enfouies. Il en faut du courage et de la confiance pour descendre en soi surtout lorsqu'on s'attend au pire !
Ces passages sont nécessaires pour retrouver le vivant mais ils peuvent être tout aussi effrayants.
Et souvent la rencontre avec cette douleur est finalement bien moins effrayante que ce qu'elle paraissait. C'est rassurant d'entendre que la rencontre est possible et de pouvoir la sentir.
Et la magie opère. Ecouter et être touché par ce qui s'est vécu rend plus humain, plus bienveillant. Il y a une envie d'aider cette partie de soi qui est restée seule pendant un long temps. La retrouver et l'écouter apporte une forme de réconciliation avec soi et avec son corps.
C'est un peu comme si on devenait ce prince venu délivrer la princesse au fond de soi. Etre le héros de sa propre histoire et la remettre au goût du jour tel sont ses défis.
Des talents cachés osent se montrer au grand jour et accomplir le merveilleux dans le quotidien de la vie.
Retrouver son corps c'est la voie du sentir, un chemin de liberté pour s'accepter pleinement.
Mon corps est la situation. Mon corps contient toutes mes mémoires. Mon corps est mon livre ouvert au monde. Dans les entrailles de ma terre siège mes sentiments les plus profonds. Mon corps est le lieu de ma rencontre avec la vie, Quand je m'ouvre à lui, il épanouit ses graines. Quelles sont les effluves qui émanent de lui ? Quelque chose de précieux veut s'incarner. Saurais-je m'asseoir auprès de ce quelque chose de sensible ? Saurais-je prêter l'oreille à ce quelque chose qui me murmure ? Saurais-je prêter le coeur à ce quelque chose qui palpite ? Le divin est dans ma maison.
Agnès Besson
Comme tu l'indiques, cela peut être difficile de faire cette démarche seul. Je dirais même impossible lorsque la distance avec le corps est vécue comme une distance protectrice à l'égard d'une blessure dont on sent la présence, mais dont on a oublié la nature, et qui est, du coup, d'autant plus bloquante, paralysante.
Alors un accompagnement est une aide inestimable, s'il est fait de patience et de confiance. Il permet de rendre présentes la patience et la confiance qu'on n'a plus à l'égard de soi. Alors on peut accéder au passage : un devenir se produit, la vie bloquée coule à nouveau. Merci encore Christine...
Guillaume